Excursion dans le CarouX : le Groupe Jeunes sur les traces des rapaces

Missionné par l'association pour un suivi Rapaces dans le massif du Caroux, Faucon pélerin, Circaète Jean-le-blanc et Bondrée apivore, le Groupe Jeunes Hérault de la LPO Occitanie s'est rendu sur le terrain le week-end du 29 mai pour tenter de repérer les différentes aires de reproduction.

Après 10 mois d’un régime infâme à bouffer du quizz par la racine, la société des ornithos immatures Hérgard a pris son destin en main et sauté dans le vide pour démontrer aux plus sceptiques qu’elle n’avait d’immature que le nom. A 15h12 une première voiture quittait la chaleur montpelliéraine pour cette nouvelle Ecosse coincée entre roquefort et encornet que l’on nomme CarouX (avec un X). 1h30 et 10°C en moins plus tard, la première voiture arrivait au col de l’Ourtigas, accueilli par un Pouillot véloce particulièrement casanier, un Circaète Jean-le-blanc, un Vautour fauve et un joli bouquet d’orchis mâle. A peu près au même instant une seconde voiture quittait Villeveyrac avec une heure de retard sur le rendez-vous naïvement fixé par les membres de la première voiture. Le temps pour ces derniers d’observer le couple de Faucons pèlerins installé sur la falaise en face de la route et de regretter la veste laissée au parking. A 17h30 tous le monde était-là, et ce n’était pas la pluie ni le vent qui allait ébranler la détermination sans limite de notre (bonne) compagnie.

Le premier «point bondrée » fut un échec, et les Bec croisés ne se firent pas prier pour nous le rappeler. Le deuxième point « bondrée », un hameau bucolique à moitié en ruine, ne fut pas un plus grand succès, mais le soleil était revenu, un chevreuil broutait au loin, les Pipits des arbres pinsonnaient gaiement et l’apéro n’avait jamais été aussi proche. Qu’aurions nous fait d’une bondrée ?

Existe-t-il plus dangereux qu’un ornitho fraichement sorti du bois au volant de son tacos ? Deux ornithos qui jouent de l’accordéon sur les demi-départementales de campagne. Tous les prétextes sont bons pour donner un coup de frein : une Pie-grièche écorcheur, un Bruant jaune, une forme féline et blanche aux oreilles roses (autrement dit un Chat domestique), … Tout prête à spéculation. S’ils ralentissent c’est qu’ils ont vu quelque chose : un lapin, une bondrée, un loup qui sait !

Le péril du fossé écarté, nous avons rejoint hameau de Douch, voie sans issue et capitale du Mouflon de Corse. L’ascension s’annonçait rude dans la hétraie du CarouX, mais la perspective d’un festin raffermi toujours cuisses et mollets. Arrivé sur le plateau, une belle lumière rasait la lande à genêt, un Bruant jaune piaillait dans les fourrés et quelques Faucons crécerelles s’amusaient dans le vent. Crécerelles ? La société des ornithos immatures Hérgard ne portent finalement pas si mal son nom ! Trois hobereaux, un kobez et un éléonore faisaient des loopings sous notre pif et nous les prenions pour des crécerelles (loin de moi l’idée de dénigrer ce charmant faucon mais tout de même !). On ne saurait en tout cas leur donner complètement tord s’ils venaient en retour à nous prendre pour des bleus. Bref ! Après cet incroyable spectacle nous avons repris le chemin et fini par déboucher sur le refuge où une parcelle semblait nous être spécialement dédiée. Nous avons occupé notre soirée à réviser nos classiques et à discuter des plus récentes études taxinomiques. Après quoi nous avons tous sombrés dans un profond sommeil, bercé par le chant du vent nocturne et l’impression étrange de partager notre couche avec les autres animaux de la forêt.

Le lendemain matin les grimpereaux étaient bien là, aux aurores comme prévu, mais c’est le coucou qui sonna le réveil assez fort pour nous tirer du hamac. Le soleil ne perçait pas encore entre le feuillage mais il éclairait déjà le panorama le plus proche - le « point pèlerin » - sur les gorges de l’Héric à l’Ouest et la plaine de Béziers au Sud. Les grands corbeaux gardaient la zone, quelque vautours fauves traversaient d’Est en Ouest, un couple supposé de circaète fuyaient vers le nord, mais nulle trace du pèlerin. Sur terre (ou plutôt sur roche) Lézards vert et catalan profitaient d’un soleil apparemment trop rare. Plus loin, une Fauvette à tête de jardinier mettait à rude épreuve le puit de science que nous sommes. La tourbière du plateau abritait quelquee têtards de Salamandre tachetée, une petite Grenouille rousse, des droséras et une partie de pattes en l’air entre deux insectes pour le moins genrés. Le temps de revenir au parking la pluie et le beau temps s’était plusieurs fois disputés le ciel sans qu’aucun des deux ne l’emporte vraiment : un bon résumé du climat haut-languedocien. Mais il nous restait une dernière mission avant de retourner à la civilisation : voir le Bruant fou, lui aussi très casanier, du col de l’Ourtigas. Et le plus fou est qu’il ne nous a pas déçu. En même temps, avec un tel panorama, on comprend qu’il ne veuille plus lâcher son rocher. Les pèlerins joutaient sous l’œil ovins des mouflons tandis que nous immortalisions l’instant perché sur un rocher en surplomb de la forêt. La fin du week-end approchait et nous devions déjà rejoindre la volière.

Le plumage nuptial peut attendre ! Un jour (trop proche) viendra ou nous regretterons ces temps immatures.

La société des ornithos immatures Hérgard

Par Hugo Juillard

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