Évolution des oiseaux communs en région Occitanie : 2001-2021, 20ans de suivis participatifs!
Pour la première fois, un collectif d’associations publie une mesure des tendances d’évolution des oiseaux communs en région Occitanie dans le cadre de l'appel à projet « Amélioration et valorisation des connaissances sur la biodiversité en Occitanie » financé par la région Occitanie et coordonné par la LPO Occitanie.
Un peu d’histoire contemporaine
Depuis 1989, les tendances d’évolutions des oiseaux communs sont suivies en France par le Muséum national d’histoire naturelle grâce à la contribution de milliers d’observateurs bénévoles. Ces suivis nous apprennent que les oiseaux des milieux agricoles diminuent fortement et régulièrement depuis 30 ans. Ceux des milieux urbains connaissent une diminution similaire. Ceux des milieux forestiers, après avoir fortement régressé se sont stabilisés. Les oiseaux généralistes ont augmenté jusque dans les années 2006 avant de se stabiliser.
Ces suivis sont effectuées par ailleurs dans de très nombreux pays d’Europe.
Qui a mesuré ces tendances en région Occitanie et comment ?
En Occitanie ce sont plus de 204 observateurs, quasiment toujours bénévoles, qui ont contribué à cette connaissance au cours des 21 dernières années. Certains ont contribué pendant quelques années d’autres suivent cette évolution sans interruption.
Ce sont 334 « carrés » qui ont été suivis depuis le début des années 2000.
Les observateurs suivent un protocole et un plan d’échantillonnage très précis élaboré par le Museum national d’histoire naturelle. Le protocole, c’est la méthode utilisée pour observer et pour répertorier les informations. Le plan d’échantillonnage, c’est la façon de répartir les « carrés » qui doit prendre en compte tous les milieux et ceci de façon proportionnelle à leur représentation dans la région.
Qu’est-ce qu’on a mesuré ?
Les oiseaux communs que m’on peut facilement voir et entendre au printemps=
Combien d’espèces sont suivies de la sorte ?
Ce sont 209 espèces qui ont été recensées par les observateurs depuis plus de 20 ans en Occitanie. Des tendances d’évolution ont pu être calculées sur les 107 espèces vues les plus régulièrement.
Que nous disent ces estimations ?
1 – la tendance est globalement la même en Occitanie qu’en France. Les oiseaux qui diminuent ou augmentent en France montrent la plupart du temps les mêmes tendances en Occitanie.
Un peu d’histoire contemporaine
Depuis 1989, les tendances d’évolutions des oiseaux communs sont suivies en France par le Muséum national d’histoire naturelle grâce à la contribution de milliers d’observateurs bénévoles. Ces suivis nous apprennent que les oiseaux des milieux agricoles diminuent fortement et régulièrement depuis 30 ans. Ceux des milieux urbains connaissent une diminution similaire. Ceux des milieux forestiers, après avoir fortement régressé se sont stabilisés. Les oiseaux généralistes ont augmenté jusque dans les années 2006 avant de se stabiliser.
Ces suivis sont effectuées par ailleurs dans de très nombreux pays d’Europe.
Le Pigeon ramier
Comme ailleurs en France et en Europe, les populations de Pigeon ramier s’accroissent fortement en Occitanie (+237 % en 20 ans). Il semble que ce soit lié au développement d’une population sédentaire, phénomène attribué aux modifications des pratiques agricoles (augmentation des surfaces en maïs, tournesol et colza notamment) et certainement favorisé par la succession d’hivers doux. C’est une espèce très généraliste, aussi à l’aise en ville qu’en milieu agricole.
2 – Néanmoins quelques disparités existent : 11 espèces ont des populations qui se portent mieux en Occitanie que sur le reste du territoire et 9 se portent moins bien en Occitanie que dans le reste du pays. Les associations formulent des hypothèses pour expliquer ces résultats.
Le Bruant proyer
Ce spécialiste des milieux agricoles, connaît un « déclin modéré » en France, tandis qu'il est en « augmentation modérée » en Occitanie. Si l'intensification de l'agriculture est à l'origine de la baisse des populations (comme partout en Europe), elle serait contrebalancée par la multiplication des friches dans le Sud et une expansion altitudinale avec le réchauffement climatique.
La Pie-grièche écorcheur
C’est un oiseau typique des milieux semi-ouverts riches en buissons (surtout épineux), qui évite les zones trop fraîches et arrosées, mais aussi les régions à climat estival trop chaud et sec. Stable à l'échelle nationale, elle connait un « déclin modéré » en Occitanie qui vient confirmer les impressions de terrain des naturalistes occitans depuis de nombreuses années. Ces situations contrastées peuvent être mises en lien avec le réchauffement climatique : plus chaud et sec, le changement de climat serait globalement bénéfique à l'espèce, excepté dans le Sud devenant trop « aride ». En Espagne, la diminution des effectifs est de l’ordre de 50 % en 20 ans (Molina, 2022)
La Tourterelle des bois
Présente presque partout en France (sauf dans les massifs montagneux), elle affectionne les paysages semi-ouverts. Avec des effectifs plus élevés dans la moitié ouest de la France et autour de la Méditerranée, sa tendance est stable en Occitanie alors qu'elle est en déclin modéré au niveau national. Elle est par ailleurs en déclin en Europe depuis les années 80, ce qui lui vaut d’être classée « Vulnérable » sur la liste des espèces menacées au niveau mondial.
Quelles perspectives pour ce suivi ?
Les associations partenaires chercheront à renouveler aussi souvent que possible l’analyse des indicateurs pour continuer de suivre les tendances dans le futur et constater l’effet des mesures que ne manqueront as de prendre l’Etat et les collectivités.
Elles cherchent aussi à augmenter le nombre de contributeurs pour pouvoir dégager des tendances par groupes d’espèces (à l’instar du suivi national) et par sous-secteurs géographiques de la région Occitanie
Quelles perspectives pour les oiseaux ?
Depuis plus de 30 ans que l’on décrit la régression des oiseaux communs en France, force est de constater que cette évolution n’est pas prise en compte, ou au mieux prise en compte de façon très insuffisante, par l’Etat et les collectivités.
Lorsqu’en 1976, la loi sur la protection de la nature a été votée, elle a permis par la suite de rétablir des populations viables d’oiseaux menacés par la chasse et le désairage, principalement les rapaces, les grands oiseaux et les oiseaux d’eau. Les espèces qui continuent actuellement de régresser sont touchées par d’autres problèmes que l’application actuelle de la loi sur la protection de la nature ne permet pas de régler.
En 2023, un collectif de chercheur européen a publié dans la revue américaine « Actes de l'Académie nationale des sciences » une étude permettant de comparer l’impact de 4 facteurs sur l’évolution des populations d’oiseaux. C’est actuellement l'intensification de l’agriculture, en particulier l'utilisation de pesticides et d'engrais, qui est la principale pression sur la plupart la population d'oiseaux, en particulier pour les insectivores. Il faut désormais chercher à diminuer cette pression tout en maintenant une agriculture viable.
Les partenaires du suivi
Office français pour la biodiversité
Museum national d’histoire naturelle (analyse statistique des données)