Nous souhaitons la bienvenue à une espèce que nous voulions accueillir depuis longtemps au sein du parc pédagogique du Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage de Villeveyrac. Les Frelons européens se sont enfin installés, non pas dans l'abri mis en place spécialement pour eux il y a quelques années (actuellement occupé par des guêpes), mais dans un nichoir multi-espèces (à 7cm centimètres de diamètre, adéquat pour le Petit-doc scops, Huppe fasciée, Rollier d'Europe...). Ils sont cependant en train de l'aménager en réduisant une partie de l'entrée afin de profiter des conditions les plus propices au bon développement de leur essaim.
Vous vous demandez si nous sommes devenus fous à vouloir que ces insectes sanguinaires et agressifs viennent sur notre terrain ? Rectifions ces idées reçues. Premièrement, ces grands cousins des guêpes (issus tout deux de la famille des Vespidés) ne défendent leur nid que lorsqu'ils se sentent agressés. Ici, il est en hauteur et bien visible, il n'y a donc pas de problème de cohabitation. Deuxièmement, les ouvrières adultes se nourrissent de sucs végétaux, de fruits, de matières carnées abandonnées et d'autres produits sucrés. Elles ont donc un régime alimentaire de phytophage plutôt que de prédateur.
En revanche, pour nourrir leur couvain -terme désignant l'ensemble des œufs et larves de la colonie - ils peuvent consommer jusqu'à 500 grammes d'insectes par jour. Font partie du festin mouches, guêpes et autres sauterelles. En agissant de la sorte, les Frelons européens sont considérés comme de bons auxiliaires du jardinier, et cela va encore plus loin dans certains cas ! En effet, des apiculteurs se sont rendus compte que nos hyménoptères préférés étaient de grands prédateurs de Fausses teignes de la cire. Or, les larves de ces papillons au nom à rallonge ont la particularité de se nourrir des rayons de cire des ruches et d'occasionner de gros dégâts par la même occasion. Ce savoir s'est répandu et comme les frelons mangent beaucoup plus de papillons que d'abeilles, de plus en plus d'apiculteurs essaient maintenant d'attirer une colonie afin de protéger leurs ruches. Cette espèce est protégée dans d'autres pays mais ne l'est malheureusement pas encore en France. Attention à ne pas les confondre avec leurs cousins les Frelons asiatiques à présent installés dans notre pays et pour lesquels toute "lutte" visant à freiner leur installation est désormais inutile. Les efforts déployés peuvent parfois même être contre productifs, comme avec la mise en place de pièges non sélectifs qui tuent autant de Frelons européens que d'asiatiques.
Si vous voulez observer l'évolution de la colonie, des visites animées du parc pédagogique se déroulent tous les mercredis en fin d'après-midi jusqu'en septembre, réservations au 06 60 73 72 68.
Timothée Habert