Position de la LPO sur les parcs éoliens d’Aumelas

Suite aux questionnements reçus par la délégation héraultaise de la LPO Occitanie (ex LPO Hérault), quant aux suivis engagés sur les parcs éoliens d’Aumelas, quelques précisions sont ci-après apportées sur les principales actions engagées.

La LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault n’est pas défavorable au développement éolien dans la mesure où il s’inscrit dans la transition énergétique en contribuant à la réduction des énergies fossiles et donc à la réduction des gaz à effets de serre. Toutefois, de par son développement dans les milieux naturels, il lui importe que ce développement soit mené en minimisant les impacts sur la biodiversité.

C’est pourquoi elle s’est engagée depuis de nombreuses années dans le suivi des parcs éoliens d’Aumelas, suivant trois principaux axes :

  • Caractériser l’impact sur la biodiversité :

Pour ce faire, dès 2010, en dehors de toute obligation réglementaire et considérant les enjeux potentiels avifaunistiques sur ce territoire (lesquels ont par ailleurs et ensuite justifié la désignation de ce site en zone Natura 2000 au titre de la directive oiseaux en 2016), la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault a demandé à ce que des suivis de la mortalité avifaunistique et chiroptérologique soient mis en œuvre sur ce parc. Ce suivi a été engagé par l’exploitant cette même année puis progressivement renforcé (par la suite dans un cadre réglementaire), pour constituer à ce jour un suivi de référence ayant l’une des plus fortes pressions d’observation en France. Ce suivi a pu mettre en évidence une mortalité de différentes espèces d’oiseaux (pour certaines protégées) avec en moyenne 19 cas par an et de chiroptères (toutes protégées) avec en moyenne 14 cas par an. Il est à souligner que ces cas sont ceux détectés sur le terrain et ne prennent pas en compte ceux non trouvés par l’observateur ou disparus entre temps (suite au charognage par exemple).

Par ailleurs, lors de ses contributions à une étude d’impact quant à l’agrandissement de ce parc en 2011, la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault avait identifié le risque de collision avec certains rapaces, notamment le Faucon crécerellette, soulignant toutefois que pour ce dernier la mortalité engendrée ne serait probablement pas de nature à remettre en question l’expansion des populations. Ce qui a été constaté les années suivantes, la population de crécerellettes ayant été multipliée par plus de 2 sur ce territoire entre 2010 (avec une centaine de couples) et 2020 (avec près de 250 couples), malgré un impact significatif de ce parc sur le taux de cette augmentation.

Sur ce dernier aspect, déplorant le constat d’une mortalité récurrente, la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault a mené en 2018 avec le CEFE CNRS, dans le cadre du PNA Faucon crécerellette, une étude de l’impact démographique de ces parcs sur le Faucon crécerellette. Les résultats de cette étude soulignent le caractère significatif de cette mortalité persistante, avec un impact estimé à 4 % de la population de ce territoire et laissant estimer que la population de nicheurs aurait pu être plus forte d’à peu près 20 % en 2016.

  • Comprendre les cas de mortalité :

Durant ces années, la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault a engagé différentes études (visuelles, télémétriques UHF puis GPS) pour le compte de l’exploitant et en partenariat avec les programmes de conservation (notamment PNA Faucon crécerellette) afin de mieux comprendre l’exploitation de ce parc, notamment par les Faucons crécerellettes et les Busards cendrés.

Au-delà des nombreuses informations acquises sur l’écologie, la phénologie et la chorologie des espèces, ces études ont permis, notamment pour le Faucon crécerellette, de constater que certains facteurs environnementaux pouvaient favoriser la densité des oiseaux à proximité des pales. Ces résultats ont permis de définir des situations à risques (en fonction de la densité des oiseaux, du vent, de la topographie, etc.) permettant depuis fin 2020, avec le recul ayant permis un échantillonnage minimal utile, de proposer des premiers modèles de régulation (arrêt des pales) lorsque se présentent ces situations à risque.

  • Réduire drastiquement (si ce n’est supprimer) les cas de mortalité :

 Dès 2011, puis régulièrement les années suivantes, la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault a alerté les autorités et acteurs environnementaux quant aux mortalités constatées. Elle a notamment, en plus des rapports réglementaires d’incidence transmis chaque année par l’exploitant aux autorités, diffusé en temps réel les cas de mortalité, notamment des espèces protégées, auprès des associations, institutions et autorités environnementales.

Sur ce constat, en 2013, elle a engagé un recours gracieux puis un recours administratif à l’encontre des autorités environnementales afin que soit sévérisée l’exploitation de ces parcs, notamment par la prescription de mesures de réduction de la mortalité avifaunistique et chiroptérologique. Les arrêtés prescrits par les autorités cette même année ont alors imposé le développement de nouvelles technologies de réduction de la mortalité, basés :

  • pour les oiseaux sur la détection vidéo avec effarouchement puis arrêt des pales,
  • pour les chiroptères sur la régulation des pales en fonction de situations environnementales à risque (vent, humidité, etc.).

Ces technologies prometteuses ont été progressivement développées (de façon pionnière en France pour les oiseaux) par l’exploitant avant d’être généralisées à l’ensemble des éoliennes en 2016 pour les chiroptères et en 2017 pour les oiseaux. Toutefois après ces quelques années de test, le recul nécessaire nous a permis de constater que malgré la réduction de mortalité générée par ces technologies, une mortalité persiste notamment quant aux espèces protégées (56 chauves-souris depuis 2016 et 84 oiseaux depuis 2017).

Concernant ce dernier point deux actions ont alors été demandées :

- l’évaluation de l’efficacité de ces technologies, notamment à l’égard des espèces protégées d’oiseaux. Cette demande, portée auprès de la DREAL Occitanie en 2018, s’est concrétisée par le projet de recherche multi acteur MAPE aujourd’hui porté par la MSH-SUD et le CEFE CNRS. Les premiers résultats sont attendus dans les prochains mois.

- la régularisation réglementaire de l’exploitation de ces parcs au regard de la réglementation sur les espèces protégées et notamment la « Dérogation Espèces Protégées ».

En ce qui concerne ce dernier point, malgré l’évolution et le flou réglementaire ayant entouré sa traduction dans le contexte éolien ces dernières années, la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault a alerté à plusieurs reprises l’exploitant et les autorités quant à sa régularisation.

Or les dernières évolutions (spécifiques à ces parcs) :

  • réglementaires notamment au regard d’un rapport en manquement émis par la DREAL Occitanie début 2020,
  • puis juridiques liées au caractère illicite de ces mortalités jugé par le tribunal de Versailles dans le contentieux opposant FNE et EDF-Re (et ses filiales) début 2021 (pour lequel par ailleurs la DT Hérault a étayé les éléments de FNE quant aux impacts sur la biodiversité et mesures de réduction de ces impacts via une attestation en témoignage), ont justifié l’engagement en mars 2021 par la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault et la LPO France d’un nouveau recours à l’encontre des autorités.

Ce recours demande que l’autorité :

  • mette en demeure l’exploitant d’engager cette demande de dérogation espèces protégées, seule à autoriser ce type de destruction, mais surtout pour cela à garantir l’engagement de mesures de réduction à la hauteur des enjeux environnementaux et donc l’acceptabilité d’éventuelles mortalités résiduelles,
  • engage, en attendant, des mesures conservatoires de nature à stopper la mortalité, notamment par la régulation des éoliennes (arrêts des pales) dans les situations à risques.

En conclusion la LPO Occitanie Délégation Territoriale Hérault a choisi de ne pas rester extérieure aux problèmes de mortalités générés par les parcs éoliens d’Aumelas mais de contribuer, dans une approche objective, constructive et diversifiée, à caractériser leurs impacts sur la biodiversité, à les comprendre puis les réduire. Aujourd’hui, malgré l’ampleur des mesures engagées par l’exploitant et constatant factuellement la persistance de cette mortalité, s’impose le constat de la non-acceptabilité de ces impacts, pour laquelle nous demandons aux autorités environnementales et donc à l’exploitant d’apporter des mesures drastiques.

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