La médiation au service de la cohabitation avec les goélands.

 

 

Le Goéland leucophée occupe la première place du podium parmi les animaux à propos desquels le service médiation est sollicité par téléphone.

En 2022,  ce sont 295 appels qui ont été reçus pour cet oiseau, et en 2023, on en dénombrait  229.

C'est surtout au printemps et à l'été que le pic de sollicitations explose.

A cette période, beaucoup d'appels concernent des  juvéniles trouvés sur les terrasses ou au sol. En général, il s'agit simplement de jeunes en phase d'émancipation dont les parents s'éloignent peu à peu pour qu'ils gagnent en indépendance. Cette étape peut durer plusieurs semaines, le temps pour le jeune goéland de muscler ses ailes et d'apprendre à voler. D'où le fait que l'on trouve parfois des jeunes seuls, qui semblent errants. Si l'oiseau n'est pas blessé (plaies, perte d'équilibre, dissymétrie des ailes), il faut donc simplement le laisser évoluer librement !

A la période printanière et estivale, beaucoup d'appels concernent aussi des problèmes de cohabitation : nuisance sonores, "agressivité" de couples nicheurs, salissures de terrasses dues aux fientes,  aménagement de nids sur des toits, etc.

Notre rôle est alors d'informer et de rassurer. Ainsi, l'agressivité d'un couple par exemple vise à intimider et à dissuader tout passant de s'approcher de leur progéniture mais ne se traduit pas par des attaques réelles (à moins qu'un téméraire ait la fâcheuse idée de s'en prendre aux oisillons bien sûr... mais comment en vouloir à des parents de protéger leurs petits ?).

Concernant la présence de nids à des endroits où les goélands ne sont pas les bienvenus, nous rappelons que la meilleure approche est celle de l'anticipation. Il existe des solutions d'aménagements à mettre en place avant la période de reproduction pour dissuader les goélands de s'installer sur des endroits sensibles.

La médiation n'est pas toujours évidente. Certaines personnes sont tentées d'en venir à des solutions radicales pour profiter sereinement de leur terrasse. Mais il est bon de rappeler que le Goéland leucophée est une espèce protégée, dont les effectifs sont d'ailleurs en légère baisse dans notre région. Personne, y compris les associations de protection de la nature comme la nôtre, n'a le droit d'intervenir pour déplacer ou détruire des nids ou œufs, ou pour enlever des  individus. La perturbation du processus de reproduction est interdite en l'absence de dérogation délivrée par la préfecture.

Enfin, il ne faut pas oublier que leur installation en ville est le fruit de l'empiètement humain sur leur habitat naturel (prairies sèches des littoraux), que l'on colonise à tour de bétonneuse. Vu sous cet angle, il y a de quoi être admiratif de la capacité d'adaptation des goélands. Et n'est-ce d'ailleurs pas étrange d'habiter au bord de mer ou de venir y passer ses vacances tout en méprisant ce qui le caractérise ?

Il faut bien avouer que sans les goélands, notre littoral n'aurait pas le même charme ! Ils sont emblématiques de nos côtes. Alors, nous pouvons bien faire quelques compromis !

 

Thaïs Provignon, Médiatrice faune sauvage

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