Gloire aux pigeons
C’est un hommage aux pigeons dans l’histoire, qu’André a voulu nous faire partager ce vendredi 15 mai 2015.
A travers des documents iconographiques particulièrement intéressants il nous fit voyager dans le temps et dans le monde pour découvrir la place qu’occupa le pigeon auprès de l’homme alors qu’il est vécu aujourd’hui bien souvent comme une nuisance.
Tout d’abord penchons-nous sur l'oiseau, qui est-il donc, combien d'espèces trouve-t-on en France ?
Le premier, le plus répandu est le pigeon à l'œil rouge : le Bizet. A l’origine du Pigeon domestique, il représente 500 à 600 variétés dont toutes ont une origine humaine dans le monde. De couleurs multiples il est aussi plus ou moins musclé. On le trouve depuis l’Antiquité et il est présent en Europe, en Asie, en Afrique.
Le Colombin, de passage en hiver dans notre région, est forestier, cavernicole. Il a l'œil noir et est dépourvu de bande alaire.
Le Pigeon ramier plus costaud à la barre alaire blanche, au collier blanc et à l'œil noir peut être sédentaire en zone méditerranéenne. il se caractérise par son petit claquement d'aile à l’envol.
Quant au magnifique Pigeon rose (Colomba mayeri ou Nesoenas mayeri), il a disparu de l’île de la Réunion mais a pu être sauvé sur l'île Maurice.
Le pigeon peut se reproduire trois fois dans la saison car il produit lui-même les protéines dont les jeunes ont besoins, dans ses glandes du jabot, il n'a donc pas besoin d'insectes ni de végétaux. On parle même de lait de pigeon riche en lipides et protides et ainsi d'une forme d' « allaitement »
Appelé aujourd’hui avec mépris le rat des villes, le Pigeon était autrefois vénéré dans l'Égypte. D'après une peinture il aurait déjà été utilisé par les pêcheurs étrusques 600 ans avant JC pour transmettre la position des bancs de poisson. Les romains l’utilisaient également pour sa fiente aux vertus fertilisantes, pour le transport de messages et pour leurs repas. Des pigeonniers étaient construits dans les villes. On le trouve sur des mosaïques de Pompéi, représenté comme animal de compagnie dans un atrium, et sur des pièces de monnaie grecques.
Il est présent également dans les récits bibliques où il est missionné par Noé pour quitter l’arche et retourner vers la terre vérifier que les eaux reculent, ce qu’il fait docilement rapportant un rameau d’olivier comme preuve du calme revenu, alors que le Corbeau, premier missionné s'attarde à manger des cadavres, ce qui lui vaudra une mauvaise réputation.
Il sera ensuite associé à la paix et à l’esprit saint, symbole de pureté et de fidélité.
S’il fut au service de l’homme dans sa vie quotidienne, il le fut aussi dans des circonstances plus exceptionnelles, notamment en temps de guerre.
Pendant le siège de Paris par l’armée prussienne, en 1870 alors que le directeur général des postes eut l’idée de communiquer avec le gouvernement réfugié à Tours à l’aide de ballons, un colombophile belge encouragea les français à placer des pigeons dans les montgolfières. Un bon nombre des Pigeons chargés de colombogrammes par les équipages des ballons depuis leur lieu d’atterrissage revinrent rapportant l’espoir parmi les assiégés.
En 1906, Auguste Bartholdi réalisa une statue en l’honneur des aéronautes et des Pigeons, qui trônait place des Ternes à Paris et qui fut fondue en 1942 par les allemands.
L’histoire de « cher ami » un célèbre Pigeon qui réussit pendant la guerre 14-18 à traverser les tirs ennemis fut colportée par les soldats.
Il perdit une patte dans la bataille et fut légèrement blessé par balle mais réussit sa traversée et sauva le bataillon encerclé. Mort après son héroïque traversée, il fut empaillé et se trouve aujourd’hui au Smithsonian Institute à Washington.
Les condamnations pour espionnage avec des Pigeons se répandirent également.
Les militaires les avaient équipés d'appareils photos miniaturisés pour visualiser le terrain de l'adversaire
Les pilotes de bombardiers voyageaient eux aussi avec des Pigeons pour pouvoir prévenir en cas de crash.
Des nombreuses plaques commémoratives aux colombophiles et aux Pigeons ont été réalisées, elles sont très présentes dans le nord de la France et en Belgique.
Le Pigeon a par ailleurs beaucoup influencé l’architecture.
En Iran on croise d’énormes pigeonniers, en Egypte des villes de pigeonniers.
Posséder un pigeonnier était en France un privilège aristocratique jusqu'à la révolution. Après le peuple eut le droit d’en posséder mais il lui était interdit de laisser sortir les Pigeons pendant les semailles.
Le pigeonnier s'il n'est pas un bâtiment à lui seul est souvent présent sur les maisons.
Le Pigeon était donc le bienvenu, celui qui allait assurer une bonne récolte par son précieux engrais. Pour couronner le tout, et en se risquant à un chouia d'anthropomorphisme il suffit de l'observer au printemps pour voir en lui un modèle d'amoureux à faire pâlir bien des humains. Non avare de bécotages et de tendres caresses, il semblerait même que le partage des tâches entre madame et monsieur se fasse tout naturellement en matière d'élevage des jeunes. Tout le monde ne pourra pas en dire autant...
Alors peut-être que grâce à André vous ne regarderez plus le pigeon qui fiente sur le banc où vous allez piqueniquer, comme une abominable créature mais comme une richesse pour la nature et pour l’homme avec lequel il devient toujours plus difficile de cohabiter. Guyveline