Un peu de contexte sur les Vautours fauves
Il y a moins d’un siècle, les vautours fauves ont frôlé l’extermination en France.
Dans les années 60, une bande de passionnés commence à réfléchir à leur possible retour. Un projet de réintroduction se monte à la fin des années 70 et en décembre 1981, douze premiers adultes sont libérés. Des couples qui s’étaient formés en volière se reforment et dès le printemps suivant, un premier jeune prend son envol.
En tout : une soixantaine de vautours sont relâché jusqu’en 1986. Ces premiers oiseaux sont les fondateurs de l’actuelle colonie qui s’étend dans le massif central, d’abord cantonnés aux gorges de la Jonte, ils ont ensuite colonisé le Tarn, la Dourbie et cette année, les gorges de l’Ardèche. La colonie des grands Causses est actuellement la colonie de vautours la mieux suivie au monde. Chaque année, un recensement exhaustif des couples et des nids est réalisé, par les agents de la LPO Grands Causses et du Parc National des Cévennes. Quelques dizaines de poussins sont bagués, permettant de les individualiser et de les suivre tout au long de leur vie.
Les suivis GPS
Les technologies à la disposition des biologistes ayant évoluées au fil des ans, plusieurs vautours sont désormais équipés de balises GPS. Ces balises permettent d’étudier leurs déplacements avec précision.
Moins joyeux, mais néanmoins utile, ces balises permettent aussi de retrouver les cadavres des oiseaux afin de surveiller si leur mort est naturelle, accidentelle (collision avec une ligne électrique) ou intentionnelle (tir, empoisonnement).
Il y a quelques semaines nous avons ainsi retrouvé un vieux Vautour fauve près de la commune d’Avène : Quolibet, mort de vieillesse.
Descendant direct de deux fondateurs de la colonie des Causses, il a été bagué en 1992.
En 2018, il avait été capturé avec une vingtaine de ses congénères et équipé d’une balise GPS, nous permettant de visualiser ses déplacements ces 5 dernières années.
Le parcours de Quolibet
Contrairement à certains de ses congénères, pouvant effectuer régulièrement des aller-retours dans les Alpes ou les Pyrénées, Quolibet était plutôt casanier, concentrant la grande majorité de ses déplacements sur les causses Noir et le Larzac. On note tout de même de nombreuses excursions en périphérie, notamment vers les monts d’Orb.
Ces derniers mois, il avait pris l’habitude de s’alimenter sur des placettes d’équarrissage dans le secteur.
Ces placettes gérées directement par des éleveurs, partenaires de la LPO, permettent de déposer les individus décédés de leurs troupeaux sans dépendre de l’équarrissage industriel. Les grands ongulés sauvages d’Europe ayant été remplacé par des animaux d’élevage, cela permet aussi de rendre cette ressource disponible pour la faune sauvage. Un partenariat gagnant-gagnant qui ravit autant les vautours que les éleveurs participant au projet.
Quolibet aura passé 31 ans à sillonner le ciel de notre région, nettoyant les cadavres d’animaux domestiques et sauvages, merci à lui !
Antoine Adam, Chargé d'études biodiversité