Espèce persécutée pendant des années, comme beaucoup d’autres rapaces, le Balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus haliaetus) a disparu de France continentale et de beaucoup d’autres pays au cours du XXème siècle. En France, la Loi de protection des rapaces de 1976 le protège intégralement.
Dans notre pays, la population nicheuse de Balbuzard pêcheur est toujours considérée comme « Vulnérable » dans la Liste Rouge UICN et l’espèce fait actuellement l’objet d’un Plan National d’Actions 2020-2029 (Csabai E, 2020). 1
Seul rapace exclusivement piscivore, son envergure peut atteindre 170 cm et peut peser entre 1,2kg et 2,0kg. Reconnaissable avec le dessus des ailes brun foncé à noir, le dessous du corps et des ailes blanches et son « masque » foncé partant de l’œil. On distingue le mâle de la femelle par la présence d’une bande pectorale marquée chez cette dernière. Pêcheur redoutable grâce à son doigt totalement réversible (doigt zygodactyle) qui lui permet de se saisir de ses proies sans aucunes difficultés, il peut se nourrir de poissons d’eau douce (Carpe, Gardon, Brème, Brochet…) ou d’eau salée (Mulet, Bar, Orphie…).
Le « Balbu » niche principalement à la cime de grands arbres, non loin de ses sources d’alimentation (étangs, lacs, rivières, fleuves, mers/océans). Il peut également s’installer sur des pitons rocheux des falaises littorales sur les îles méditerranéennes mais aussi sur des pylônes électriques qui lui permettent de retrouver la vue panoramique qu’il affectionne. Il construit parfois son nid sur des plateformes artificielles qui lui sont destinées. Son nid peut peser jusqu’à 150kg et mesurer plusieurs dizaines de centimètres de hauteur.
En France
Il existe deux noyaux de population :
- Le Corse, n’a jamais disparu mais a frôlé l’extinction dans les années 70 avec seulement 4 couples en 1974. Bien que relictuelle, cette population est composée d’une trentaine de couples en 2023 mais reste très fragile, notamment en raison d’un très faible succès de reproduction depuis dix ans.
- En région Centre-Val de Loire, une apparition progressive depuis le retour de l’espèce en tant que nicheuse avec la découverte d’un premier couple en 1984 en forêt d’Orléans. La population s’étend lentement dans les départements limitrophes.
On compte aujourd’hui plus d’une centaine de couples territoriaux dans le centre et l’Est du pays. Le Balbuzard pêcheur fait l’objet d’un programme de baguage en France continentale depuis son retour dans les années 80. Un nouveau noyau est en cours de création dans le Sud-Ouest du pays, suite à un projet de translocation dans le département des Landes mené de 2018 à 20212.
Le caractère philopatrique (tendance des individus à revenir se reproduire là où ils sont nés, plus marqués chez les mâles) du Balbuzard pêcheur est l'un des freins à la recolonisation naturelle de ses territoires perdus. Les projets de réintroduction menés en Europe depuis près de 30 ans ont montré leur efficacité pour accélérer l'établissement d'une population nicheuse.
Et chez nous ?
Sur le pourtour méditerranéen continental français, l’espèce est présente principalement en hivernage ou de passage lors des migrations pré et post nuptiales. Le département de l’Hérault, riche en lagunes littorales, est une zone où l’on peut observer de nombreux individus, venant notamment d’Allemagne ou de Scandinavie (lecture de bagues). Quelques individus italiens y sont également de passage lors de leurs migrations.
Bien que de retour dans le centre et l’Ouest de la France, le Sud du pays n’accueille pas encore de couples nicheurs. Espèce patrimoniale des zones humides, il est important de faire connaitre l’espèce au plus grand nombre afin de la préserver et, de facto, préserver ses habitats.
1 https://biodiversite.gouv.fr/projet-pna/wp-content/uploads/PNA_BALBUZARD_2020_2029.pdf
2 https://youtu.be/B2kgGqJU0R8
Louis Boulesteix, Chargé de projet Balbuzard pêcheur