Un soir en compagnie de l’oiseau papillon
Le 06 mars 2015, la soirée fut dédiée au photographe Christophe Sidamon-Pesson décédé à l'âge de 39 ans l'an dernier. L'un de ses modèles favoris était "l'oiseau papillon" petit nom attribué au Tichodrome échelette, que René avait prévu de nous faire découvrir ce soir là.
Papillon parce que son vol en battement rapide et ses ailes très colorées nous rappellent ce petit lépidoptère.
Le phénomène vit en Europe et en Asie et niche en montagne jusqu'à 5000m d'altitude. Dans l'Hérault vous pourrez l'observer quand il arrive en automne à l'Hortus ou au pas de l'Escalette, mais bien qu'il ne soit pas farouche et qu'on puisse même le trouver parfois en ville sur des cathédrales, il faudra quand même aiguiser vos yeux car il est bougrement mimétique avec les parois qu'il affectionne et sur lesquelles il se déplace en courant grâce à ses crampons d'alpiniste. Friand de petits insectes et tout particulièrement d'araignées, il les repère grâce à ses deux gros yeux et à sa vision stéréoscopique, puis il les déniche avec son très long bec sous la mousse des tuiles ou des parois.
Il n'est pas du genre à déguster ses proies au fur et à mesure, il préfère ranger soigneusement ses insectes en brochette dans son bec et les servir plus tard.
Peu disposé à l'effort, il se fait porter par les courants le long des roches et sa queue très courte lui permet de réguler son vol. Si la nourriture se fait rare, il pourra passer quelques temps en hibernation attendant des jours meilleurs.
Ses pires ennemis sont l'Hermine et la Fouine mais aussi le chien qui le surprend parfois lorsqu'au sol il se livre à un bain de poussière.
Ceux qui cherchent à lui ressembler en gravissant les montagnes représentent aussi pour lui une menace.
Il se reproduit à 3500-4000m d'altitude. Le mâle arrive sur les lieux en premier, exhibe sa gorge noire et sa parure rouge, se livre à quelques combats à coup de bec avec des concurrents potentiels, séduit une partenaire avec de modestes offrandes et le tour est joué. Sa dame décidera du lieu de nidification. Elle tapissera le nid de matériaux confortables et isolants (laine, poils, duvet...) et pondra 3 à 5 œufs qu'elle couvera 19 jours, alimentée toutes les heures par son tendre et cher. Un petit sac fécal sera évacué régulièrement du nid ce qui le préservera des odeurs et donc du risque d'être repéré. Parce qu'il faudra bien éviter la razzia des pilleurs de nid comme les Craves à bec rouge ou Choucas des tours qu'une petite ascension à 4000 m n'arrêterait pas. Quelques ambitieux Coucous pourraient aussi avoir l'audace de squatter le nid, mais l'oiseau papillon ne se laisserait pas duper.
Après 24 jours les jeunes sortiront la tête du nid et 5 jours plus tard il se lanceront dans le vide avec bravoure. 1 semaine après l'éclosion des œufs la femelle réchauffera encore les jeunes puis aidera le mâle à les nourrir, mais la promiscuité deviendra vite pénible, les jeunes après le premier envol ne se supportant plus.
Alors histoire de se détendre et de stimuler sa production de vitamine D chacun ira tranquillement exposer son croupion au soleil.
Si l'oiseau papillon vous a séduit visionnez le beau film de Franck Neveu "Tichodrome follet de l'à pic" et puis si vous voulez le voir pour de vrai dans l'Hérault, il ne vous reste plus qu'à être patient jusqu'à l'automne. Si votre empressement est trop grand, allez donc faire une petite expédition dans les Alpes cet été, vous pourriez bien le rencontrer... Guyveline