On ne s'en doute pas forcément mais l'imprégnation d'un animal sauvage a des conséquences tragiques. C'est un handicap très lourd : l'animal ne possède aucun repère et, tel un nouveau-né, ne connaît rien de son environnement naturel et des dangers qui le guettent. Les humains, de nature versatile, sont difficiles à comprendre : le moindre changement d'habitude et l'oiseau se sent désorienté, contrarié sans en saisir la raison. Alors pour se faire entendre ou remarquer, il devient agressif et blesse sa famille d'accueil avant d’atterrir dans un centre tel que le nôtre ou d'être relâché sans autre forme de procès, plus que jamais vulnérable.
Les oiseaux et les mammifères sont, à l'instar des humains, éduqués par leurs parents. De leur naissance à leur sevrage, ils prennent conscience du groupe auquel ils appartiennent et ils apprennent à communiquer, à trouver leur nourriture, à la cacher, à chasser, à voler, à musarder, à se cacher, à reconnaître les dangers ainsi que toutes les petites astuces qui leur permettront de rester en vie. Cette étape est primordiale. Un jeune animal élevé par une famille humaine n’aura jamais accès à ces connaissances.
Ces connaissances non acquises provoquent des comportements divergents et les rendent vulnérables. L'été 2016, nous avons traité plusieurs cas d’imprégnation qui se sont tous soldés par un échec désastreux. Nous avons reçu des pies bavardes très agressives aussi bien envers les humains qu’envers leurs congénères, tandis que d’autres tournaient sur elles-mêmes et se déplumaient. Des Choucas des tours se sont noyés dans leur gamelle d’eau en voulant faire leur toilette. Des perdrix rouges ne se sont pas intégrées et ont succombé au stress. Une fouine a dû être placée dans une famille d'accueil capacitaire, incapable de vivre avec les humains et en encore moins avec les siens. Sans parler des carences alimentaires qui peuvent aussi bien provoquer des troubles du comportement que des atrophies.
Cette Pie bavarde est l'une des dernières rescapées de l'été 2016. Son comportement calme lui a offert une seconde chance. Elle a su s'intégrer peu à peu au groupe de pies existants ainsi qu'aux suivants, se désintéresser des humains et s'approprier les codes essentiels à sa survie.
Deux semaines auprès de ses découvreurs ont suffi à l'imprégner. 1 an et trois mois ont été nécessaires pour la rendre à son milieu et à ses congénères.
Alors pour que leur avenir soit assuré, rappelez-vous qu'il faut :
. Éviter tout contact prolongé et familier avec ces animaux sauvages
. Vérifier la présence des parents autour des petits
. Les confier à des personnes compétentes si ce n’est pas le cas.