Opération séduction 6 janvier 2017

Opération séduction 6 janvier 2017

Sans doute avez-vous déjà surpris dans les étangs, les Flamants roses tout agités, face à face, tendant le cou et écartant les ailes en poussant leurs cris rauques. Trop occupés à leur rituel, ils ne se soucient même plus de vous. Et bien oui, il est tant de songer à la famille !

Ce sont ces parades colorées et bruyantes que, le 6 janvier 2017, Martine a voulu nous faire découvrir pour animer et réchauffer notre hiver glacial.

Tout d'abord quelques définitions, afin de ne pas tout mélanger.

La parade est une démonstration du mâle pour séduire la femelle, sachant que la parade sera d'autant plus grandiose que le mâle sera terne. Les plus beaux oiseaux n'auront pas besoin de déployer tant d'énergie pour se faire remarquer. La parade servira aussi à canaliser les penchants naturels d'agressivité et dans certains cas pourra provoquer la fécondation.

La pariade ou appariement est le terme employé pour désigner le fait d’aller en couple.

Quant à l'accouplement il désigne l'acte sexuel.

Les préparatifs à l’accouplement s'expriment à travers le chant, le plumage, la couleur du bec et les danses et combats.

Ainsi le chant aura vocation à éloigner l'adversaire et à attirer la femelle, il sera plus fort dans un espace ouvert où les sons auront tendance à se disperser.

Le plumage des mâles prend des couleurs vives, étincelantes, le bec devient parfois écarlate.

Les danses séduisent et les simulacres de combats viennent signifier aux concurrents qu'ils ne sont pas les bienvenus et qu'ils ont tout intérêt à rebrousser chemins s'ils ne veulent pas perdre des plumes.

Le site des rituels est parfois occupé pendant de longues années. Il est appelé arène ou lek.

Mais se montrer beau et fort ne suffit pas, il faut aussi être un bon père et un bon "époux"!

Pour cela le mâle adopte des stratégies implacables. Ce sont les offrandes, ces petits insectes, poissons, algues ou autres qu'il offre à la femelle, manifestant ainsi ses compétences de ravitailleur. Parallèlement ces offrandes peuvent contribuer à l'apport de protéines pour la ponte. Elles se multiplient surtout après la phase nuptiale quand les liens du couple sont plus forts. Quémander peut aussi être une façon de renforcer ces liens, c'est ce que font les goélands.

Voyons donc quelques autres illustrations :

Les  Grèbes procèdent à un échange d'herbes aquatiques et courent sur l'eau côte à côte, dans une danse dite "des Pingouins". Les Pigeons s'adonnent à un amusement de bec, les Chevêches d'Athéna se câlinent, chantent en duo, se procurent des caresses mutuelles, se coursent et posent des  offrandes  sur le site de nidification.

Les petits passereaux sautillent, gonflent leurs plumes.

Les rapaces réalisent des vols somptueux, ils s'accrochent par les serres, se laissent chuter, se séparent, se touchent. Les vautours lâchent des proies, les rattrapent…

Parfois chez certaines espèces irascibles comme le Martin-pêcheur qui se poste comme un cobra et donne des coups de becs violents, il faut du temps pour que les  parades  parviennent à faire diminuer l'agressivité.

Passons aux choses sérieuses...

S'accoupler pour un oiseau n'est pas si simple. Il faut tout d'abord un excellent équilibre. Certes la femelle fléchit ses pattes, s'aplatit, entrouvre ses ailes pour préparer le terrain, mais il faut quand même se maintenir sur un dos instable qui en plus, chez les oiseaux d'eau est glissant, le temps de faire coïncider les deux cloaques. Inutile de vous dire que l'exercice demande une certaine précision pendant les 10 secondes maximum que va durer l'opération. Il faudra donc s'y reprendre à maintes reprises pour espérer avoir une descendance...

Ne vous y trompez pas, les oiseaux n'ont pas tous en vue la reproduction et certains s'adonnent à l'accouplement aussi pour le plaisir. C'est le cas de la Chevêche d'Athéna, de la Mésange charbonnière et du Chevalier Gambette.

90 % des oiseaux sont monogames au moins provisoire. Il peut s'agir alors de monogamie par saison ou par couvée.

Les grands rapaces sont plutôt fidèles. Les Grues, les Cigognes, les Chouettes effraie passent leur vie en couple. Certains passent l'année ou la saison à deux.

Les oiseaux du jardin ont plutôt une fidélité au site de nidification qu'à un partenaire et le divorce peut être proclamé si la couvée a échoué.

Ceci dit tous les goûts sont dans la nature. Ainsi certains mâles peu recommandables non seulement pratiquent la polygamie simultanée et s'accouplent avec plusieurs femelles en même temps mais en plus ne participent pas à la couvaison et à l'élevage des jeunes, c'est le cas du Paon et de l'Alouette calandre. Le Troglodyte mignon qui bat tous les record peut être à l'origine de 12 nids simultanés...

D’autres pratiquent la polygynie, appelée aussi polygamie successive . Le mâle a une activité sexuelle largement supérieure à celle de la femelle qui d’ailleurs part seule de son côté comme chez les Tétras.

Certains oiseaux sont bigames, 2 femelles peuvent alors pondre dans le même nid.

D'autres s'adonnent à la polyandrie, la femelle a plusieurs partenaires, cette pratique est répandue chez les espèces où le mâle de couleur terne se charge du nid tels les Pluviers, comme quoi le dévouement est parfois mal récompensé...

Je ne vais pas vous dévoiler l'intimité de tous les oiseaux, mais si vous voulez en savoir plus Martine nous encourage à consulter le livre de Guilhern Lesaffre, illustré par Alexis Nouaihat "les oiseaux en 450 questions-réponses", il est parait-il truffé d'anecdotes!

Merci Martine pour cette soirée instructive et ludique. Guyveline

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