Histoire de nids
Histoire de nids
Au cœur de l’hiver, nous nous retrouvions ce 31 janvier 2014, pour une soirée consacrée aux nids, organisée dans le cadre des rencontres départementales trimestrielles refuges LPO.
Ces refuges au nombre de 259 dans l’Hérault visent à soutenir la biodiversité en utilisant des méthodes de culture respectueuses de l’environnement et en favorisant la présence des espèces et notamment des oiseaux par l’installation, entre autres, de nichoirs.
Pour installer un nichoir, encore faut-il avoir quelques repères sur les stratégies des oiseaux en fonction de l’espèce, afin de ne pas être surpris de voir s’installer une mésange là où on pensait accueillir une sitelle.
Cette soirée devait nous donner quelques indications et grilles de compréhension tout à fait essentielles.
Les nids ne sont pas des dortoirs, et même s’il arrive qu’ils puissent être ponctuellement utilisés comme gite, ils sont avant tout destinés à la reproduction. Leur confection varie beaucoup d’une espèce à l’autre et leur élaboration dépend en partie du fait qu’ils sont nidifuges (l’oisillon est vite capable de sortir du nid) ou nidicoles (les oisillons naissent très dépendants et restent au nid plus longtemps)
On comprendra alors pourquoi les espèces nidicoles doivent consacrer plus de temps et de soin à la confection du nid, celui-ci ayant une fonction qui dépasse la seule ponte.
Alors pour y voir plus clair Sylviane et Françoise nous concoctèrent un exposé inspiré d’une clé de détermination en botanique qu’elles entreprirent d’appliquer aux oiseaux.
En repérant le mode de construction du nid nous pouvions nous acheminer vers l’oiseau. Munies de leurs grandes affiches elles nous présentèrent les étapes de la démarche :
Pour commencer, s’interroger sur les matériaux utilisés pour la construction : terre séchée, autres matériaux, constructions rudimentaires.
Poursuivre l’enquête en s’intéressant aux nids en terre séchée : la terre est elle collée contre un support ou fixée dans un arbre avec un nid tapissé dans un autre matériau ?
Pour les nids sans matériaux ou à construction rudimentaire avons-nous affaire à des parasites (ex : coucou) à des opportunistes (ex : faucon) ou à des espèces fabriquant des nids d’une discrétion absolue qui se fondent dans le paysage (ex : gravelot) ?
Si les nids sont dans un autre matériau qu’il soit végétal, animal, minéral ou de récupération, c’est leur diamètre qui va nous permettre d’avancer dans notre recherche.
S’ils sont supérieurs à 40 cm de diamètre, sont ils dans un arbre (ex : héron), une falaise (ex : rapace), sur plateforme (ex : cygne)?
S’ils ont entre 15 et 40 cm de diamètre sont ils sur un arbre, sphérique (ex : pie), sur plateforme (ex : colombin), avec une coupe bien nette (ex : merle) ou dans une cavité arboricole (ex : hulotte) ? Sont-ils plutôt sur des bâtiments (ex : moineau), au sol (ex : faisan) ou sur l’eau (ex : foulque) ?
S’ils sont inférieurs à 15 cm, sont-ils en forme de boule (ex : bergeronnette), dans une cavité (ex : sitelle) ou en forme de coupe (ex : petit passereau).
En répondant à chacune de ces questions le mystère s’éloigne et le profil de l’oiseau se dessine.
Un petit diaporama illustra les propos et une lecture de quelques textes choisis du célèbre ornithologue Paul Géroudet contribua à donner à la soirée une tonalité littéraire par la découverte d’un auteur ne manquant ni d’humour ni de poésie, en complément du riche apport technique, chacun repartant avec sa petite grille de lecture de reconnaissance des nids, paré pour entreprendre sa quête. Guyveline