Avant de nous séparer pour les vacances de Noël, Martine nous avait concocté une soirée sur le Rougequeue à front blanc et son cousin le Rougequeue noir.
Les rougequeues se caractérisent par le tremblement de leur queue qui est probablement un signe de reconnaissance et de communication entre eux.
Le premier dit en occitan « lo Fornairon » (le garçon boulanger) parce qu’il arbore une superbe casquette blanche, le second « Lo ramonaire » (le ramoneur) parce qu'affectionnant particulièrement le faîte des toits, il rappelle la couleur de suie des cheminées.
D’autres noms évocateurs lui ont été attribués par le passé comme rossignol tremblant ou rossignol des murailles mais le comparer au rossignol est quelque peu abusif. En effet s'il chante effectivement avant le jour et tard le soir, son chant bien que mélodieux tourne court et s'avère assez répétitif.
Cela n'enlève rien à son charme ! Perché souvent à faible hauteur non loin d'une présence humaine il scrute et traduit en courbettes ses inquiétudes. Observer son intense activité est très amusant.
Si le premier affectionne les milieux ouverts et semi ouverts ou l'arbre est très présent, le second aime les pentes rocheuses, les villes, les zones industrielles et les ruines. Le Rougequeue à front blanc s’est aussi adapté à l’homme et fréquente volontiers les parcs et les jardins.
Tous deux insectivores, ils volettent sur place pour repérer leurs proies puis les saisissent en vol ou au sol. Ils s’accommodent volontiers de fruits en été et de baies à l’automne. On dit parfois du rougequeue noir qu'il nuit aux abeilles, mais il ne capture que des mâles inoffensifs et se contente des déchets de la ruche.
Les rougequeues sont vifs, agiles, loquaces et très adaptables.
En avril le mâle Rougequeue à front blanc attire la femelle vers une cavité qui peut être artificielle dans laquelle il rentre puis sort, arborant son front blanc, mettant en évidence sa couleur orangée et étalant largement sa queue colorée. Sur le territoire de reproduction le cri peut être émis sans cesse. Une fois le rituel amoureux accompli, c'est la femelle qui construit le nid, le mâle veille. Elle couvera seule mais les jeunes seront ensuite nourris par les deux parents.
En cas d'échec de la nichée, l'opération séduction avec choix d'une cavité nouvelle reprendra.
Agés de 10 jours les jeunes rougequeues agiteront déjà fébrilement leur petite queue.
Le coucou geai ne rechigne pas à pondre dans le nid du rougequeue noir dans les Alpes. Il y a aussi quelques cas de bigamie identifiés où un mâle s'occupait de deux nichées.
Migrateur à partir de mi-août, « lo Fornairon »contrairement au « ramonaire » rejoindra essentiellement l'Afrique pour ses quartiers d'hiver. C'est là que l'attendent de sévères menaces qu'il s'agisse de périodes de sécheresse ou de captures au filet encore pratiquées en Afrique du Nord.
Il était autrefois très prisé pour sa chair en Provence au XIX ème siècle. Il n’échappe pas aux conséquences des insecticides, pesticides qui diminuent ses ressources alimentaires, ni aux sécheresses, et à la raréfaction de son milieu naturel, les bois morts étant de plus souvent éliminés et les vergers disparaissant.
Nicheur dans le Languedoc Roussillon, il bénéficie d’une protection totale sur le territoire.
Si vous voulez en savoir plus je vous invite à consulter le livre de Paul Géroudet « Les passereaux d'Europe », que l'exposé de Martine m'a redonné envie de compulser.
Guyveline