Le loup dans l’Hérault
Pour la LPO, le retour naturel du loup, espèce protégée, est un signe positif de l'amélioration fonctionnelle et biologique de nombreux secteurs de nos territoires.
La réinstallation progressive du loup et la dynamique biologique de sa population sont des éléments durables que la société doit prendre en compte, y compris dans les conséquences et impacts induits sur les activités humaines, de façon à créer les conditions d'une coexistence loup / homme pérenne.
L'objectif de la LPO est la présence pérenne du loup via la mise en place d'une politique de conservation favorable, incluant le soutien à un pastoralisme durable.
La LPO demande :
- un engagement clair de l'Etat qui doit énoncer les conditions pour une présence pérenne du loup. Seul un portage politique assumé par l'Etat d'une nécessaire logique de compromis sera de nature à créer les conditions de la coexistence loup / homme ;
- la généralisation de l'emploi de moyens de protection, dûment déployés, et renforcés par la conduite d'expérimentations concernant les clôtures et des dispositifs d'effarouchement ;
- que la présence du loup (ainsi que des autres grands prédateurs) soit intégrée dans les politiques de régulation des ongulés sauvages pour sa contribution à l’équilibre agro-sylvo-cynégétique ;
- que la possibilité de destructions d'individus soit un moyen ponctuel ressortant du cadre dérogatoire et non une fin ;
- la poursuite de la distinction entre tir de défense, tir de défense renforcé et tir de destruction ;
- l’instauration de cellules de crise pour les éleveurs dont les troupeaux ont été victimes d’attaques de loups, afin de les accompagner
- à l’Etat de ne pas indemniser les dégâts et de ne pas autoriser de tirs létaux du loup lorsque les troupeaux sont non ou pas assez protégés et d'affirmer une position extrêmement ferme contre les destructions illégales de loups.
La LPO est opposée :
- à la mise en place d'une politique de régulation du loup (au regard du stade de développement de l'espèce) ;
- à tout dispositif d'autorisation de tir de loup en chasse "ordinaire" et au prolongement des autorisations de tir en l'absence des troupeaux ;
- aux propositions de création de secteurs d'exclusion et de "zonages".
- aux autorisations de tirs dans les zones "cœur" des parcs nationaux, les réserves naturelles nationales et les réserves biologiques intégrales de l'ONF.
La LPO est favorable :
- à une gestion adaptative permettant la mise en œuvre de mesures adaptées et conditionnées aux contextes territoriaux.
- à l'existence et au bon fonctionnement d'instances de dialogue au niveau national et au niveau local. L'Etat doit en assumer le bon fonctionnement ainsi que la mise à disposition dans les meilleurs délais de toutes les données existantes.
NOTE DE CONTEXTE
Pour une coexistence du loup et des activités humaines en Hérault
Préambule
Le retour naturel du loup dans notre département est un signe positif de l'amélioration fonctionnelle et biologique de nombreux secteurs de nos territoires. Sa réinstallation progressive et la dynamique biologique de sa population sont des éléments durables que la société doit prendre en compte, y compris dans les conséquences et impacts induits sur les activités humaines, de façon à créer les conditions d'une coexistence pérenne.
Les sociétés contemporaines ont révisé leur vision de la nature. La préservation des grands équilibres planétaires indispensables à la survie de l’espèce humaine et à l’épanouissement de l’humanité passe par un respect effectif du vivant, par sa prise en compte dans nos activités dans tous les espaces occupés par l’homme.
Par ailleurs, l’activité pastorale est un élément important de la vie économique de nos territoires qui peut également selon les pratiques participer à une gestion de certains milieux favorable au maintien de la biodiversité associée. Les savoir-faire des éleveurs et des bergers, la qualité de leurs produits, le façonnage des paysages et la dimension culturelle de ce métier font partie de notre patrimoine. La coexistence des activités agricoles et pastorales avec les loups ou d’autres espèces sauvages n’implique pas un retour vers le passé. Il s’agit d’une situation inédite pour notre société moderne, générée par ses prises de conscience, sa propre évolution politique et environnementale. Elle s’accompagne de contraintes, de charges économiques et sociales, et constitue une perturbation des systèmes existants face à laquelle il convient de construire de nouvelles réponses.
Dans ce contexte, l'Etat doit s'engager clairement, et énoncer pour toutes les parties prenantes quelles sont les conditions pour une présence pérenne de l'espèce : seul un portage assumé par l'Etat d'une nécessaire logique de compromis sera de nature à créer les conditions de la coexistence.
Eléments de fond
A. Le but de la LPO est la conservation favorable du loup, espèce protégée ; notre objet est la présence pérenne de l'espèce dans notre département.
B. La pérennité de l’élevage pastoral extensif est un objectif légitime, tant pour la profession que pour les politiques agricoles ; la protection du loup comme celles d’autres espèces est tout autant un objectif légitime des politiques de conservation et restauration de la biodiversité européennes et nationales.
C. Les lois et autres textes en vigueur leur donnent un fondement juridique.
D. Toute la problématique est d'arriver à les concilier car on ne peut sacrifier l’un à l’autre. Il incombe aux pouvoirs publics et aux différentes parties prenantes de faire concilier sur un même territoire les intérêts économiques et les objectifs environnementaux, tant sur le court terme et le long terme. On ne doit pas proclamer que toute cohabitation entre le loup et l’élevage ovin est impossible avant d’avoir tout mis en œuvre pour que cela devienne possible.
E. Les difficultés du monde agricole et plus encore de la filière ovine ne peuvent justifier que le dossier soit principalement conduit sous la pression de lobbies agricoles ou politiques qui préfèrent désigner un bouc-émissaire plutôt que de regarder lucidement les conséquences d’une politique agricole qui a fragilisé les éleveurs de montagne. Le loup ne peut être tenu pour responsable de la déprise agricole, entamée depuis un siècle, ni de la situation économique de l’élevage : les zones où le plus grand nombre d'éleveurs cessent leurs activités sont des départements où les loups sont absents. Les conséquences du retour du loup sur certaines activités et en particulier dans le secteur de l’élevage ne doivent pas occulter les effets économiques positifs notamment sur les milieux forestiers, même si ces derniers sont plus difficilement mesurables à court terme.
F. Le loup, prédateur au sommet de la chaîne alimentaire, contribue à restaurer la qualité des écosystèmes, notamment les forêts, en modifiant le comportement des
ongulés sauvages et leur répartition dans les milieux, en participant à la limitation de leurs populations et à améliorer leur état sanitaire. De ce fait, le loup participe largement au renouvellement de la forêt. Il contribue par ailleurs à réduire la diffusion des épidémies et des organismes pathogènes par la faune sauvage. Il est emblématique de la qualité et de la restauration de la biodiversité, signal pour tous ceux qui ne se résignent pas à voir leur environnement s’appauvrir, s’enlaidir et se banaliser. Un pays où une espèce sauvage autochtone peut à nouveau vivre est un pays plus riche pour les humains qui l’habitent, car la vie n’est pas que gestion, aménagement et régulation. Les animaux sauvages dans leur liberté et leur diversité sont aussi source d’émotion, de création, de rêve, de vie.
G. La co-existence des activités humaines avec d'autres espèces est un objectif fondamental, culturel autant que biologique. Pastoralisme et écosystèmes vivants ne sont pas incompatibles : la LPO ne veut pas de territoires sans éleveurs ni moutons ; elle ne veut pas non plus de territoires sans faune sauvage, y compris les prédateurs.