Suivi d’une saison de reproduction de Busards cendrés en garrigues

Afin de mieux connaître la population nicheuse du Busard cendré sur le site Natura 2000 « Zone de Protection Spéciale Garrigues de la Moure et d’Aumelas », la Communauté de Communes de la Vallée de l'Hérault a missionné la LPO Hérault afin de réaliser un suivi sur une saison de reproduction.
La population du Busard cendré est estimée entre 3900 et 5100 couples en France. Les principales menaces qui pèsent sur lui sont liées à la perte de son habitat de nidification et aux destructions des nichées lors des récoltes des cultures (populations de l’ouest et du centre de la France).
A la suite de l’étude, la population présente sur ce territoire a été estimée entre 31 et 37 couples en 2017 répartis en 6 colonies sur la ZPS.

 

 

Quand revient le printemps, que les premières hirondelles recolonisent notre ciel et que le Rougequeue noir revient chanter à nos fenêtres, cet élégant rapace sillonne à nouveau nos plaines viticoles et nos garrigues. Plus petit qu’une Buse variable mais plus gros qu’un Faucon crécerelle, il revient après un long périple de plusieurs milliers de kilomètres au départ de l’Afrique de l’Ouest sub-saharienne. Son vol bas et gracieux est un ravissement pour les yeux du promeneur ayant la chance de l’apercevoir. Le mâle est facilement reconnaissable par son plumage clair dans les tons gris cendrés. De plus, en vol, vu de dessous, deux bandes noires sont visibles sous les ailes (à la différence du Busard Saint Martin). La femelle, quant à elle, est rousse face ventrale et brune roussâtre strié de noir sur le dessus. Son croupion blanc saute aux yeux lorsqu’elle rase la garrigue.
A peine revenu de ce long voyage de migration, alors que les fauvettes se remettent à chanter dans les garrigues, les mâles vont redoubler d’effort pour séduire leurs compagnes. Ils vont effectuer des voltiges impressionnantes mêlant piqués et looping avec grâce et agilité. Ce spectacle est un moment privilégié où l’homme se fait discret pour admirer ces prouesses techniques. Lorsque le couple est formé, le mâle va alors faire des « offrandes » à sa promise. L’échange des proies va se faire en plein ciel ! le mâle lâche sa prise et la femelle se met à voler sur le dos pour la rattraper en plein vol. Ils vont alors choisir un site pour établir leur nid dans …. le chêne kermès !
Quelle drôle d’idée… Pourquoi aller se mettre au milieu du chêne kermès à la différence des populations du centre et de l’ouest de la France qui nichent dans les champs de céréales ? Et bien tout simple pour la même raison que celle qui nous fait dire que ce milieu est inhospitalié et que pour rien au monde nous n’y mettrons nos pieds.

 

 

 

 

 

La femelle va alors y construire son nid à même le sol. Le Chêne kermès va lui offrir une protection idéale contre les prédateurs (renards, fouines, sangliers, chiens…) et contre les dérangements (impossible de marcher dedans ou d’y faire du vélo sans y laisser des « plumes » !). A l’abris des regards et des prédateurs, elle va y pondre entre 3 et 5 œufs au mois de mai. Concernant notre population sur le site Natura 2000, le nombre moyen d’œufs pondus a été estimé à 3.69 par nichée. Les poussins vont naître après 28-29 jours d’incubation et ils vont grandir jusqu’à être volant au bout du 30ème jour après l’éclosion, soit vers le mois de juillet. Mais les adultes vont continuer à veiller sur eux encore une trentaine de jours après leur premier vol. Sur la zone suivie, en moyenne, 2.5 jeunes ont pris leur envol par nichée.
Les chiffres donnent un succès de reproduction d’environ 63% pour la population de Busards cendrés sur le site Nature 2000. En comparaison avec les données de la bibliographie, les paramètres de la reproduction sont relativement bon.
Son alimentation a également été étudiée grâce à la récolte de pelotes de réjection. Il s’agit de boulettes rejetées par certains oiseaux et notamment chez les rapaces. Elles contiennent les éléments durs et non digérés des proies qu'ils avalent en entier (poils, os…). Elles sont rejetées par le bec et se retrouvent près du nid ou du perchoir des oiseaux.
Les résultats des analyses montrent que le Busard cendré se nourrit principalement d’insectes et en moindre quantité de reptiles, de micromammifères et de passereaux, sur notre territoire. Par conséquent, les zones de chasse qu’utilise le Busard cendré correspondent à des milieux ouverts qui s’étendent des massifs de garrigues aux plaines cultivées. Les principaux insectes retrouvés sont la Magicienne dentelée, la Grande sauterelle verte et la Dectique à front blanc.

 

 

Après ce printemps et cet été intense, les adultes ont quitté notre belle garrigue. Les jeunes ont découvert le monde et effectué leurs premières migrations jusqu’en Afrique sub-saharienne. Certains ne reviendront malheureusement pas, mais plusieurs d'entre eux seront de retour l'année prochaine pour animer nos belles garrigues. Alors, dès le mois de mars, ouvrez l’œil !

Camille Montégu, chargée de missions LPO Hérault
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