Les amphibiens

Les amphibiens

Le 22 avril 2016 Denis Rey, salarié du pôle conservation de la LPO Hérault, était l'invité du groupe local de Montpellier et c'est aux amphibiens que fut consacrée la soirée.

Les amphibiens sont répartis en trois groupes : les anoures (grenouilles et crapauds), les urodèles (tritons, salamandres...) et les gymnophiones (cécilies qui sont de longs animaux cylindriques dépourvus de pattes, ressemblant aux serpents et aux vers) presque exclusivement présents en hémisphère Sud.

Quelles sont donc les caractéristiques des amphibiens (ou batraciens) de nos régions ?

Ils sont ectothermes, c'est à dire qu'ils ne règlent pas leur température corporelle, d'où une dépendance aux conditions exterieures  et des périodes d'hibernation. Ils pondent des œufs dans l'eau, ils ont un premier stade larvaire puis connaissent une métamorphose. Leur cycle vital est biphasique (aquatique et terrestre). Ils migrent et sont ovovivipares, leurs œufs sont incubés et éclosent dans le ventre de la femelle pour une grande majorité des espèces françaises (excepté l'Alyte).

Ils sont munis de deux types de glandes : les granuleuses (qui secrètent un venin plus ou moins toxique) et les muqueuses.

La phase larvaire dure entre 2 et 5 mois. Ils ont trois modes respiratoires : les branchies, les poumons et la peau. La date de la métamorphose va dépendre du milieu à savoir des conditions de la mare ou du point d'eau dans laquelle ils évoluent. Si la mare est petite, peu nutritive et éphémère, les amphibiens  vont avoir par nécessité un cycle rapide, afin de pouvoir vite être viables hors de l'eau.

Avant le passage en phase terrestre, cinq phases peuvent être observées :

  1. Apparition des branchies externes
  2. les branchies s'internalisent sous la peau
  3. Apparition d'un embryon de pattes postérieures
  4. Apparition d'un embryon de pattes antérieures
  5. Apparition de l'imago (il sort de l'eau avec souvent un embryon de queue)

Le têtard filtre l'eau et consomme pour certains des microalgues, il fait office de nettoyeur en ingérant des matériaux en décomposition. A la sortie de l'eau sa prise de poids est rapide.

La grenouille avale les yeux fermés, ceux-ci rentrant alors dans la tête et y poussant l'aliment.

En phase terrestre, à la sortie de l'eau, l'amphibien vit des migrations entre le site en eau et le site d'estivage puis entre celui ci et le site d'hivernage.

Pour retrouver leurs sites, les études récentes ont montré qu'ils pouvaients'orienter avec les étoiles, le champ magnétique et/ou à l'odorat. Certains  voient très bien le jour, d'autre sont plus nyctalopes. Ils sont globalement fidèles au site de reproduction mais une fraction dans chaque espèce est pionnière. Leur longévité peut aller de 10 à 20 ans et leur maturité sexuelle est comprise entre 3 et 5 ans suivant les espèces.

 

Allons voir maintenant qui fréquente notre région :

Le crapaud épineux à l'habitat ubiquiste, est lent et lourd, il consomme des limaces, des vers et des chenilles, ami des jardiniers il est menacé par le trafic routier. Son chant se rapproche de celui du flamand rose.

Le crapaud calamite, espèce plutôt pionnière à l'habitat en eau plus ou moins temporaire, gonfle son sac vocal et produit un trille proche d'un chant d'insecte. Il est menacé par l'assèchement de ses zones de reproduction et par les épandages de produits phyto sanitaires.

L'alyte accoucheur, ne va dans l'eau qu'au moment de relâcher les têtards que le mâle porte sur son dos. Il mange 95% d'insectes et se gonfle en cas de menace. La fermeture des milieux représente pour lui un vrai danger.

Le pélodyte ponctué est une petite grenouille persillée, son chant est comme celui de deux boules de pétanque qui s'entrechoquent. Il est menacé par la destruction, la fragmentation des habitats et par la pollution.

Le pélobate cultipède est une espèce pionnière qui habite les milieux sableux. Il mange des insectes, gonfle son corps quand il se sent menacé et chante comme une poule. Assez rare dans la région, l'empoisonnement des pièces d'eau du à l'urbanisation et la reforestation le mettent en danger. Des mesures conservatoires sont prises en cas de risque de destruction de son habitat.

Le discoglosse peint est une espèce envahissante, venue de la péninsule ibérique qui pourrait avoir un impact sur le crapaud calamite ou sur le pélodyte ponctué. Diurne, et non hibernant, il fréquente différents types de points d'eau, mange des mollusques, des insectes, des têtards.

Les grenouilles vertes recouvrent trois espèces difficiles à différencier, même pour le spécialiste :

La grenouille rieuse au chant ricanant, la grenouille de Pérez au chant grésillant et leur hybride la grenouille de Graf qui bêle comme un agneau.

La grenouille rousse est surtout forestière. Elle se nourrit d'insectes et de limaces, aime les climats frais et humides. Si elle est peu menacée, il se trouve qu'elle est malgré tout une espèce consommée, donc à risque.

La rainette méridionale est une espèce urbaine, inféodée à l'homme, consommatrice de fourmis. Elle colonise volontiers les centres villes et supporte les eaux saumâtres, mais, arboricole, elle peu aussi vivre loin de l'eau. Peu menacée, elle chante beaucoup et produit des concerts assourdissants.

La salamandre tachetée fréquente les eaux peu ou pas stagnantes, elle s'alimente de cloportes, et produit des sécrétions toxiques. Bien que non menacée elle est souvent une victime de la route.

Le triton marbré est le triton le plus aquatique, les labours et la diminution des refuges terrestres dans les haies et les broussailles représentent pour lui une menace.

Le triton palmé fréquente les ruisseaux et les mares et ne dédaigne pas les villes.

Le triton alpestre est présent dans 2 ou 3 mares du département de l'Hérault. Il a été introduit au cirque de Navacelles. C'est un consommateur d'œufs et de têtards.

Pour tous les batraciens l'urbanisation et la circulation représentent des menaces. La présence de routes entre leur site d'hivernage et leur site de reproduction est pour eux une condamnation à mort que seul le crapauduc peut contourner.

Si vous avez la velléité de créer une mare dans votre jardin, sachez qu'il faut environ cinq ans pour l'équilibrer. Rainette, grenouille verte et calamite viendront en priorité. Les larves de moustiques seront mangées par les libellules et les dytiques.

Sachez aussi que, quand l'habitat est favorable, les batraciens ont la possibilité de rester au stade larvaire. Ils ressemblent alors à des adultes mais avec des branchies à l'extérieur et plus petits. Cela concerne surtout les tritons.

 

Puisque vous voulez tout savoir sur les batraciens voici encore un petit indice pour les reconnaître.

Si vous trouvez des œufs en filet vous avez affaire à des crapauds, si les œufs sont en manchon, il s'agit d'un pélobate ou d'un pélodyte, s'ils sont en tas gélatineux, c'est une grenouille. Si vous trouvez des petits œufs blancs sous des feuilles alors vous êtes en présence d'un futur triton ! 

A vous de jouer maintenant et merci à Denis pour son exposé qui nécessitera quelques entrainements sur le terrain...

Guyveline

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