C’était la rencontre Papillons

Papillons à l’honneur

Avec retard le compte-rendu.

Ce soir du 03 mars 2017, nous avons quitté un instant l'univers ornithologique pour nous aventurer dans celui de l'entomologie. Micheline nous a emmenés à la découverte d'un insecte particulièrement populaire, le papillon : "Insecte aux ailes recouvertes d'écailles colorées et dont les pièces buccales sont transformées en spiritrompe ou trompe"

Apparus il y a environ 150 millions d'années, les papillons ou Lépidoptères représentent approximativement 150.000 espèces et 130 familles. 7000 espèces sont présentes en Europe et la France en accueille 5300. Ils se partagent en deux groupes :

 - le premier groupe est celui des Rhopalocères, appelés "papillons de jour"

Les papillons de jour ne représentent que 4% des lépidoptères - 415 espèces en Europe, environ 253 en France.

Leurs antennes se terminent par un bouton ou massue.

Parmi les grandes familles de papillon de jour on trouve les Lycénidés (Azurés, Cuivrés, Argus et Thècles), les Papilionidés, les Nymphalidés, les Piéridés.

 - le second groupe est celui des Hétérocères que l'on appelle communément et à tort «papillons de nuit» car certains d'entre eux ont une vie totalement ou partiellement diurne, c'est le cas du Moro-sphinx, de certains Bombyx, des Ecailles.

Signe distinctif des Hétérocères, leurs antennes sont filiformes ou plumeuses.

Les grandes familles de papillons de nuit sont les Écailles, les Sphinx, les Paons-de-nuit, les Zygènes, les Géomètres, les Noctuelles.

 

Les lépidoptères possèdent 4 ailes, un thorax, un abdomen, 2 antennes, 2 yeux, et 3 paires de pattes.

Le papillon est un insecte à sang froid qui a besoin de chaleur, d'où cette appétence pour les bains de soleil qui lui permettent de faire provision d'énergie.

La nourriture de l'imago est constituée de matière liquide : nectar, rosée, miellat des pucerons.

Ses antennes ont pour fonction de goûter, toucher, sentir. Chez certains papillons, le dessous des pattes portent des coussins velus, organes gustatifs qui leur permettent de reconnaître les plantes. Mais surtout les antennes sont le siège de la réception du message olfactif, les sensilles olfactives servant à déceler les phéromones, messages chimiques sexuels émis par le mâle et la femelle.

L'ouïe favorise le  rapprochement des sexes et, chez les papillons nocturnes, sert à repérer les prédateurs, chauves-souris et rapaces.

La vue est un sens très développé ; les yeux sont composés (ceux du Sphinx du liseron pouvant avoir jusqu'à 2700 facettes). La vision des couleurs est très bonne. Les yeux sont aussi très sensibles au mouvement, dans un champ de 360°.

De nombreuses espèces présentent un dimorphisme sexuel. D'autre part la femelle est souvent plus grande et plus lourde que le mâle (extrémité de l'abdomen plus bombé si présence d'œufs).

Beaucoup de papillons sont territoriaux et chassent les intrus de leur territoire. Certains se livrent en période de reproduction à des parades. Chez certaines espèces l'accouplement peut-être "violent". Ainsi le mâle Apollon Parnassius apollo se précipite sur la femelle et la force à se poser au sol. L'accouplement se fait souvent à l'abri des regards car le couple est alors particulièrement vulnérable. Le mâle, qui s'est nourri pour préparer ses gonades et s'accoupler, vit moins longtemps que la femelle.

L'exemple de l'Apollon en matière de stratégie reproductive est intéressant à observer. Durant l’accouplement, le mâle secrète un bouchon - appelé sphragis - qui rend impossible à la femelle toute autre union. Une stratégie imparable pour protéger  sa descendance.

La reproduction du papillon est fascinante et s'opère sous la forme d'un cycle en 4 étapes :

  - il y a d'abord l'œuf de diverses formes (quelques unités ou plusieurs milliers) qui est soit pondu en vol au-dessus des plantes-hôtes, soit le plus souvent fixé solidement à la plante-hôte

 - puis la larve (chenille) qui se transforme en nymphe (chrysalide), certaines pouvant se trouver dans des cocons de soie, d'autres enfouies dans le sol, sous une écorce...

 - et qui donne enfin naissance à l'imago.

Les chenilles sont essentiellement phytophages - certaines sont inféodées à une seule plante, on dit qu'elles sont monophages -, certaines mangent des œufs, des larves de fourmis, on les dit myrmécophiles.

La vie d'un adulte dure en moyenne 2 à 3 semaines mais certaines espèces ne vivent qu'une journée, les Psychés par exemple.

Si la majeure partie des espèces sont inoffensives et sont même indispensables à la fécondation des fleurs, certaines sont des ravageuses des cultures et peuvent défolier les arbres et arbustes, attaquer les fruits à noyaux, les légumineuses, forer des galeries dans le tronc et l'écorce, c'est le cas du Bombyx du palmier Paysandisia archon qui s'attaque à certains palmiers (originaire d'Amérique du sud, introduit accidentellement en Europe du sud dans les années 90, en France depuis 2001), et du Cossus gâte-bois Cossus cossus dont la chenille peut vivre jusqu'à 4 ans dans le tronc de l'arbre. Certains papillons, très résistants, supportent le gel à l'état d'imago et hivernent en attendant des jours plus cléments (Petite tortue, Citron, Vulcain…). D’autres espèces peuvent hiverner à l’état d’œuf, de larve ou à l’état de chrysalide.

Les papillons ont besoin de plantes nourricières appelées aussi plantes-hôtes. Certains, dans leur cycle de vie ont besoin de fourmis.

Ce bel insecte, qui bénéficie d'une réputation plutôt positive malgré les dégâts que ses chenilles font subir à certaines plantes est présent partout dans le monde sauf dans le désert, l'arctique, l'antarctique et au-dessus de 6000m.

Certaines espèces sont migratrices comme le Vulcain, la Belle-dame, le Monarque et peuvent parcourir 500 km en une nuit. Certaines sont endémiques en Corse-Sardaigne et sur le Mont-Blanc par exemple.

Mais comme toujours nous finirons par un constat peu optimiste sur les conditions de prospérité de cet animal. Quelles sont donc les menaces auxquelles il est confronté ?

Parmi ses prédateurs, les oiseaux ne sont pas les derniers, mais il y a aussi les araignées qui affectionnent leurs œufs, les guêpes, les lézards et les batraciens mais les hommes comme toujours décrochent le premier prix en matière de nuisances. Celles-ci nous sont désormais familières :

  • la destruction qu'ils opèrent sur les milieux,
  • les pesticides qu'ils utilisent, l'amendement de sols qui réduit les prairies naturelles,
  • l'élimination des haies,
  • les réseaux routiers qui fragmentent le territoire et déciment les espèces les plus lentes comme l'Apollon,
  • la fermeture des milieux,
  • le réchauffement climatique,
  • les déjections des animaux domestiques pleines de produits vétérinaires devenues infréquentables pour les insectes....

Ainsi des espèces communes se raréfient. En Ile-de-France, au XXème siècle, on a ainsi constaté une diminution de 20 à 40 espèces. Un déclin général des lépidoptères est observé avec 35 espèces menacées.

Par contre certaines espèces viennent du sud et colonisent de nouveaux espaces avec le réchauffement climatique, ce qui peut entraîner d'autres types de perturbation.

Compte tenu du constat de leur déclin, en 1979 les papillons ont pu bénéficier pour la première fois d'une protection mais leurs habitats n'ont pas pour autant été épargnés : ainsi, on crée des réserves notamment en montagne, mais on maintient l'élevage et le surpâturage. Après le passage des moutons, inutile de chercher l'herbe haute dans laquelle les chenilles vont pouvoir s'alimenter, tout est rasé, les papillons n'ont ainsi pas le temps de finir leur cycle de reproduction. Heureusement certaines mesures commencent à être prises comme les fauchages tardifs, notamment dans l'Hérault.

Vous aussi vous pouvez participer à la protection des papillons ! Tout simplement en faisant de votre jardin si petit soit-il un lieu accueillant proposant des plantes nectarifères (non traitées !) aux imagos et des plantes-hôtes aux chenilles (arbustes, graminées etc.).

Pour mieux les connaître, vous pouvez vous rendre au Jardin des Papillons à Digne-les-Bains (135 espèces sur 1ha !), créé et géré par l'association Proserpine qui s'est donnée pour mission de mieux connaître et faire connaître les papillons et de contribuer à la protection active des insectes et de leurs milieux dans les Alpes du Sud et la Provence.

Si toutefois vous préférez les découvrir tout en restant dans votre salon, voici 2 livres à ne pas manquer :

"La vie des papillons" écrit par une équipe d'auteurs passionnés - Tristan Lafranchis, David Jutzeler, Jean-Yves Guillosson, Pieter & Brigitte Kan - et "Papillons de France" un guide de détermination des papillons diurnes de Tristan Lafranchis. Les deux ouvrages sont dans la collection Diathéo.

Merci à Micheline pour cette visite d'espaces fleuris et la découverte de ses habitants,  tout en couleurs et en légèreté. Guyveline

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